Aaah! C’est pas le Pérou… – Part1

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Pérou - Part1

19 Sep Aaah! C’est pas le Pérou… – Part1

Tout le monde connaît cette expression, mais qui sait ce qu’elle signifie réellement?… « Jadis, le Pérou offrait une réserve immense de richesses telles que l’or, l’argent, le plomb ou encore les pierres précieuses. Les colons espagnols asservirent alors les indiens qu’ils considéraient comme de la main d’oeuvre bon marché et sans importance pour exploiter les mines à leur place. Petit à petit, les réserves s’amenuisèrent jusqu’à ne plus laisser que quelques paillettes d’or dans les ruisseaux. Aujourd’hui, on emploie l’expression « ce n’est pas le Pérou », pour figurer qu’un gain n’est pas énorme, que quelque chose apporte peu, en référence à cette époque où le pays était un véritable eldorado. » (Source linternaute.com Copyright Benchmark Groupe)

Et bien on peut vous dire que c’était pas facile tous les jours mais ça valait le coup! Pour nous c’était bien le Perou…

Bivouac étoilé

Bivouac étoilé

Intriguée par les Incas et la capitale de leur ancien empire: Cuzco, j’avais très envie de découvrir ce pays et ses habitants. Mais avant d’en arriver là il a fallu pédaler par monts et par vaux…

Après notre nuit au chaud dans la maison de l’immigration: direction Jaen en longeant des rizières…

rizières

Rizières en direction de Jaen

Le soir avec l’aide d’une commerçante qui appelle le capitaine des pompiers nous dormirons dans la caserne (qui à la base était fermée)! En quittant la ville, nous croisons un cycliste qui nous dit faire partie de la communauté « warmshower », il nous accompagne et nous montre son magasin de vélo sur le chemin. Finalement nous passerons la journée avec Miguel qui contrôlera nos vélos gratuitement. C’est sa manière à lui de rencontrer d’autres cyclistes et de les aider lors de leur passage dans sa ville.

Ce jour là nous rencontrerons également un ami à lui, Lenny, champion VTT péruvien, mais aussi nos 4 collègues français, canadien et allemand avec qui nous partagerons un (bon) repas et la nuit à la caserne.

magasin velo jaen

Magasin de Miguel à Jaen

La première chose qui nous a choqué dans le Nord du Pérou (et tout le long de notre parcours) ce sont les peintures aux couleurs et surtout motifs des différents partis politiques dessinées sur les façades des maisons…

Dans les montagnes et villages reculés, les habitants ne sont pas tous alphabétisés, c’est pourquoi chaque parti a son « logo », ainsi lors du passage aux urnes, ils choisiront le petit dessin qui va bien… Nous n’avons pas réussi à connaître la vérité mais paraît-il que certains propriétaires sont payés (une misère… Mais toujours mieux que rien) pour que l’on peigne leur maison et d’autres non?!

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D’ailleurs ici, tout ce que vous verrez vous paraîtra être en chantier, rien n’est terminé. Les maisons n’ont que la façade de devant peinte… Un deuxième, voir troisième étage est toujours en construction, avec ferrailles apparentes… etc…

Autre particularité, bien spécifique au Nord (par là où nous sommes passés): les hommes sont plutôt machos! Il est arrivé plusieurs fois qu’en arrivant dans des villages je prenne part à la conversation avec des hommes ou demande simplement un renseignement… On ne me regarde pas et on ne me répond pas! Par contre si c’est Axel (qui est un homme), on peut lui répondre, il n’est pas transparent lui… Bien évidemment sur la route, même si je ne comprend pas tout, pour avoir le pack complet du gros lourdeau, on se permet des remarques du style « drague salace » lors de mon passage. Ce que je n’apprécie pas du tout, je me permets donc de leur répondre tout aussi vulgairement…en français! Et avec le sourire! (« Ouais c’est ca ptite b***!« ) Mise à part certaines grandes villes et chose rare, les femmes ne conduisent pas ici!

Ah! J’allais oublier ce petit mot qui m’a tant énervé durant cette traversée du Pérou: GRINGA! « C’est quoi cette manie?? Je ne suis pas américaine mais européenne! » On m’interpelle à tous bout de champs, en me montrant du doigt, par ce nom (plutôt raciste) qui pour eux signifie tout simplement que je suis blanche… Au début, je me dis que ce n’est pas bien méchant mais 3 mois plus tard, ça devient sérieusement agaçant…

Au Perou rien n’est facile: lorsque vous descendez un peu (ou beaucoup), vous pouvez être certain que ça remonte au moins au même niveau juste derrière… De véritables montagnes russes grandeur nature!

Oui, oui, on vient de tout en bas!

Oui, oui, on vient de tout en bas!

C’est fatiguant surtout que nous avons au nord une grosse partie sur piste avec graviers, cailloux, et toujours des virages avec des pentes inhumaines pour un cycliste et un revêtement plus qu’instable. Pas mal de portions où les garçons arrivaient à pédaler fort et où moi je devais descendre du vélo et pousser: frustrant et agaçant!

virage piste

…ça n’a l’air de rien en photo…

Plusieurs choix s’offrent à nous pour le trajet: passer par la côte mais déconseillée par les locaux car dangereuse, tracer tout droit au Sud en passant par les Andes, ou contourner vers l’Est en passant par l’Amazonie et son humidité… Nous choisissons l’option n°2.

Le passage de Jaen à Cutervo fut digne des 12 travaux d’Hercule. La route qui était asphaltée, est détruite pour créer une double voie: nous voilà donc en train de pédaler dans la terre, au milieu des pelleteuses et autres poids lourds. Il faut compter les arrêts de circulation que nous n’avions pas prévu lors des explosions de roche pour agrandir la route: 1h d’attente à 17h, et on se retrouve à pédaler de nuit, route fermée derrière nous, pluie qui commence à tomber et on patauge dans la gadoue… La boue s’accroche et s’accumule sur les roues, ces dernières se bloquent avec les gardes-boue, nos pieds s’enfoncent dans le sol et pèsent une tonne à chaque pas, on est bloqué! Il fait nuit, on ne voit plus rien, il n’y a personne, je suis dépitée et en même temps énervée: je veux sortir de cet endroit!!!

2km plus loin notre sauveur s’appelle Lazaro, instituteur, il nous ouvre les portes d’une classe de l’école pour la nuit, nous offre du pain, des fruits et nous montre les toilettes et la douche. (Quelle chance dans notre malheur, ce village de Polly Pocket doit compter 5 bâtiments dont l’école…) Le lendemain matin les enfants (entre 3 et 9 ans) arrivent avec des machettes à la main!? « Y aurait-il des cours de machette ici? » En fait, ils vont débroussailler les ronces devant la façade de l’école car demain ils auront la visite d’élèves d’une autre école…Les garçons jouent au foot avec les autres garçons, tandis que je me fais embarquer par les filles pour assister à la répétition du spectacle de danse!

classe

Après une courte nuit dans la salle de classe…

Finalement nous les quittons pour continuer notre chemin mais après 3h d’ascension difficile sur piste boueuse une voiture du ministère de la santé nous recommande de monter avec eux dans leur pick-up pour rejoindre Cutervo à 33km: « Vous ne pourrez plus avancer, là haut c’est dangereux, on ne voit plus rien avec le brouillard, il y a encore plus de boue et plein de camions… » Quelle précieuse aide! Effectivement on ne voit rien, et le ravin n’est jamais loin…

boue

Au boulot! Va falloir tout nettoyer en plus

en route vers cutervo

En route vers Cutervo

 

Pour la suite j’ai un petit coup de cœur pour la ville de Cajamarca, avec son architecture aux influences coloniales, ses bâtiments blancs et balcons et toitures en bois dentelé.

Beaucoup de mines (or, argent, cuivre, etc…) sur notre passage. Que des concessions étrangères! Aucune n’est exploitée par des péruviens…

mine yanacocha

Mine Yanacocha

mine la arena

Mine La Arena

Mais ici on est reconnaissant car en échange « on a des hôpitaux tous neufs où l’on peut même se faire opérer, des écoles pour les enfants et l’électricité« . A ce jour 90% de la population aurait accès à l’électricité et les routes n’ont pas plus de 20 ans! Lorsqu’il y a de gros travaux de création de routes et qu’on me demande si dans mon pays c’est pareil, je répond bêtement que les routes sont déjà là…

Et les pistes continuent encore et encore (sauf aux abords des mines où les routes sont construites par l’entreprise)… Petite pause pour moi de 3 jours à Carhuaz dans un hostel sécurisé tenu par le fils du chef de la Police, tandis que les garçons feront une boucle de 250km dans le parc de Huascaran: au programme piste, routes en lacets, col à 4700m Punta Olimpica, village de Chacas géré par des religieux italiens et jolis paysages…

A&S Huascaran

Dans le parc de Huascaran, cordillère blanche

Pour moi repos, balade au marché et dégustation des meilleures glaces de la région! Ca fait du bien, ces pistes m’ont épuisées.

Un mois déjà… On arrive enfin à Huaraz! Je compte bien prendre un bus de touristes pour lâcher un peu le vélo, randonner et rejoindre la Laguna 69. Il y a plein d’autres excursions dans la cordillère blanche mais celui-ci est réputé comme étant le plus beau…

Laguna69

Laguna 69

On restera sur place un peu plus longtemps que prévu à cause de l’intoxication alimentaire qu’a eu Axel. Ce sera l’occasion de rencontrer Bala, un cycliste voyageur avec son vélo de course et sa remorque qui est parti d’Alaska et compte rejoindre Ushuaia en prenant son temps, en visitant les écoles (docteur en chimie) et en prenant le bus dès que la route n’est plus goudronnée! D’origine indienne il nous enivrera et nous mettra l’eau à la bouche avec ses plats aux senteurs épicées…

5 Commentaires
  • jmimi
    Posté à 19:25h, 22 septembre

    Bonsoir,
    Je prends connaissance de votre audacieux periple a travers votre site sur les indications de Bibi & Vero, on ne peut qu’etre impressionne quant a l’incommensurable performance !!! Quel mental, outre cette lecon de modestie qui s’impose a nous dans notre confortable quotidien nos pensees chaleureuses empreintes de spiritualite vous accompagnent puissent elles vous apporter reconfort et ressourcement dans les moments difficiles d’adversité ou de decouragement bon courage bonne route et bonne continuite d’un maitre Reiki qui veille a distance , en bien cordial soutien Jmimi

  • Mae
    Posté à 14:03h, 23 septembre

    Respect les cheris! A chaque recit je suis impressionnee … Je me dis que nos difficultes journalieres ne sont en rien valables par rapport au vecu de toutes ces personnes croisees sur votre chemin…

  • Léticia
    Posté à 16:07h, 30 septembre

    Merci JMimi pour ce mot plein d’encouragements ;)

  • Bonjour à vous
    Posté à 09:01h, 04 octobre

    Bonjour à vous
    Heureux de constater que tout va bien.
    Je suis sidéré par vos performances , je ne pensais pas qu’on puisse pédaler à près de 5000m
    Le Tourmalet n’est alors qu’une promenade de santé pour professionnels !.
    Mes félicitations et bravo pour cette expérience qui vous apportera probablement une nouvelle vision sur votre prochaine vie des votre retour.
    Je conseille à Axel d’être attentif à son alimentation et a ses boissons !
    Bon courage et a bientot

  • Perotta
    Posté à 09:00h, 30 octobre

    Comme toujours, article intéressant avec de belles photos et rencontres qui nous permettent de nous interroger sur notre quotidien et qui pour ma part me font rester optimiste. J’aimerai être un petit oiseau pour t’oberver lorsque tu insultes les machos péruviens hi hi !…Fuerza e muchos Besos . Merci Jmimi pour ce beau commentaire et encouragement ;-)