Le Voyageur métabolique – Retour vers le futur

Retour
Koga bivouac nocturne

28 Juil Le Voyageur métabolique – Retour vers le futur

Retour vers le futur

Nom de Zeus ! Marty ! Nous sommes en 1985 ! s’exclama le Docteur Hemmet Brown en s’adressant à son compère Marty, alors qu’ils voyageaient dans le temps à l’aide de la légendaire DeLorean.

Avez vous déjà voyagé dans un pays sans que l’on vous considère comme un touriste, un portefeuille sur pattes, une opportunité de faire de l’argent, une cible à plumer ? Difficile de ne pas tomber dans l’une de ces configurations alors que vous atterrissez souvent, accompagné du mobile dernier cri, d’un appareil photo semi-professionnel ou d’un sac-à-dos technique, véritable boîte de Pandore pour les autochtones, au milieu d’une culture n’ayant pas accès à tous ces artifices…

Depuis 5 ans maintenant que je parcours le monde à vélo, je suis stupéfait de découvrir la réaction des habitants des pays visités, qui, quelque soit la destination et la culture du pays, sont abasourdis de me voir rouler sur leurs routes, sur cette machine extraordinaire qu’est le vélo de voyage. Le voyage Sud-américain ne fait que confirmer mes propos : voyager à vélo est la garantie d’être une célébrité sur roues dans les villages que vous traversez. Telle une DeLorean venue du futur, le vélo de voyage chargé de la maison du voyageur vous transporte dans le temps alors que vous traversez des contrées inconnues. Les habitants croisés sur le chemin sont totalement ébahis et abasourdis de découvrir votre machine à voyager sur les routes. Contempler leurs premières réactions, leurs premiers regards sur votre machine et votre accoutrement, donne lieu à des situations étonnantes.

La machine à remonter le temps des BikeTrippers

La machine à remonter le temps des BikeTrippers

A chaque pays son test simple : arriver sur la place d’un village prise au hasard et ouvrez grand vos yeux et vos oreilles. A travers mes lunettes polarisées, je souris intérieurement d’observer les réactions candides, curieuses et parfois puériles des habitants. Quelque soit l’âge de l’admirateur, ce sont les mêmes yeux que vous croiserez : ceux de la curiosité juvénile, de la beauté de la jeunesse du premier regard sur une chose, un moyen de transport qui sort de l’ordinaire et qui vous attire irrésistiblement. Je retrouve dans chacun des regards croisés, la passion brûlante, l’excitation folle qui m’animaient dans ma jeunesse, lorsqu’une fois par an, une locomotive à vapeur venait glisser sur les rails de la gare de mon village en hurlant son arrivée de tous ses pistons. Je bondissais dans la gare pour interroger le conducteur pour découvrir comment fonctionnait cette machine. Les pistons du voyageur à vélo sont ses deux jambes, sa locomotive à vapeur : sa randonneuse chargée à outrance de tous les excès de sa vie de voyageur. Tel un astronaute sur une nouvelle planète, l’arrivée dans un village est un moment savoureux à vivre. Les conversations de quartiers s’étouffent, les cris des enfants se muent en chuchotements et vous sentez les regards se tourner vers vous et votre vaisseau spatial à deux roues. L’accoutrement ridicule du vélocipédiste en cuissard moulant est également le fruit de moqueries et rires camouflés des femmes qui jugent vos guenilles ultra moulantes !

Des écoliers supporters croisés sur le chemin

Des écoliers supporters croisés sur le chemin

Une fois les deux béquilles du destrier abaissées et le vaisseau vélocipédique amarré sur un trottoir, à peine mon pied brulant s’apprête-t’il à frôler le sol pour la première fois depuis le départ matinal que, les autochtones incrédules, ébahis, s’approchent avec plus ou moins de discrétion pour me bombarder de questions : D’où viens tu ? Pourquoi voyages tu à moto ? C’est une moto n’est ce pas ? Que transportes tu dans tes mallettes ? Tu n’es jamais fatigué ? La lumière comment fonctionne t’elle ? Elle marche sans batteries ?! Comment fais tu quand tu n’as plus d’essence ? Combien pèse ta moto ?

Puis vient la découverte des habitants du but de votre voyage à vélo : venir à leur rencontre et découvrir leur pays ! Ils sont interloqués, parfois choqués mais souvent fiers de comprendre que vous pédalez sur leur territoire en quête de grands espaces et de rencontres fortuites. Les onomatopées fusent et les visages se crispent avec humour lorsque je décris le départ de notre épopée depuis la Colombie. Certains villageois connaissent à peine le village situé à 40 kilomètres de là, que nous venons de traverser à vélo. J’explique alors que nous avons parcouru près de 5000 kilomètres depuis le départ pour arriver jusqu’ici. J’ai droit à une explosion de rires et de regards remplis d’admiration qui m’inondent le cœur et les oreilles. La traditionnelle « pesée du vélo » par les hommes du village garantit aussi de franches rigolades alors qu’ils parviennent à peine à décoller le vélo de quelques centimètres du sol !

Stéphane se fait prendre en photo par un enfant

Stéphane se fait prendre en photo par un enfant

Le rituel de l’interrogatoire infantile est garanti à chaque village, chaque endroit habité où l’on s’arrête. On prend l’habitude de répondre à 1000 questions et les réponses deviennent des automatismes mais de temps en temps, une nouvelle question à laquelle je n’ai jamais répondu, pointe le bout de son nez pour me faire sourire. Sur un voyage longue distance, cela peut fatiguer l’esprit de répondre aux mêmes interrogations mais contempler les yeux des femmes, hommes et enfants rencontrés n’a pas de prix. C’est la flamme juvénile de la curiosité qui les anime tous et c’est toujours passionnant de la contempler brûler dans chacun des yeux que nous croisons à vélo.

Vous n’avez jamais rêvé de devenir astronaute ?…Lancez vous. ;-)

12 Commentaires
  • Mae
    Posté à 18:44h, 28 juillet

    Ton message est, une nouvelle fois, tres bien ecrit mon petit frere, je suis vraiment fiere de toi! Je me doute que les gens rencontres sur votre passage sont admiratifs et cela doit les laisser rêveurs. Finalement vous êtes des marchands de rêves! Et ce, peu importe l’endroit ou vous vous arrêtez!
    Bravo à vous!

  • Axel
    Posté à 18:52h, 28 juillet

    Merci ! BikeTrippers, marchands de rêves en Amérique du Sud et en Europe ;-)

  • Filippone
    Posté à 19:14h, 28 juillet

    Superbe billet frérot !
    Remplie toi le coeur de ces beaux souvenirs, et surtout garde les bien en mémoire pour nous les raconter à votre retour…
    Je t’aime

  • Axel
    Posté à 19:19h, 28 juillet

    Merci ma Lay! Message reçu ces souvenirs sont gravés dans la roche. Difficile à oublier…;-)
    Un livre en rentrant pour ne rien oublier ? Je t’embrasse

  • Cyrielle
    Posté à 19:35h, 28 juillet

    Coucou, tu exprimes parfaitement ce sentiment rencontrés lors des trips que ce soit en sac à dos ou en biketrip. La rencontre avec les populations locales, c’est magique!!! Profitez et emmagasinez un max ;) bisous

  • Axel
    Posté à 19:58h, 28 juillet

    Merci Cyrielle ;-)
    Nous sommes à peine à la moitié, on emmagasine chaque jour…!

  • Vogué
    Posté à 21:22h, 28 juillet

    quel talent!
    Tu transpose à merveille tes sentiments et souvenirs. J’ai voyagé l’espace d’un moment! La bise

  • Gwenola Carion
    Posté à 22:08h, 28 juillet

    Bravo Célou… Super article encore! J’adore!
    Je t’aime

  • Axel
    Posté à 23:32h, 28 juillet

    Merci VV! ;-) cela prépare votre futur voyage péruvien…

  • Axel
    Posté à 23:32h, 28 juillet

    Merci ;-)

  • Doucet Carion
    Posté à 07:00h, 06 août

    Comme c’est bien de réaliser ses rêves , c’est un accomplissement qui donne des racines au ciel

  • Perotta
    Posté à 02:11h, 01 novembre

    Quel bel échange entre ces villageois et vous trois, vous êtes l’atraction, le phénomène, la curiosité du jour . L ‘émotion y est intense et si bien décrite par ton talent de narrateur que l’on n’a pas envie de quitter notre ordinateur pour retourner vaquer à nos obligations . Merci Super Axel et bisous