Le voyageur métabolique – Les Incas fous du volant

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Faire face ou s'incliner !

17 Août Le voyageur métabolique – Les Incas fous du volant

Les Incas, fous du volant

Pédaler en Amérique du Sud implique de partager son chemin avec d’autres usagers humains ou du règne animal…
C’est une expérience épique que d’avoir l’opportunité de faire du vélo sur les routes et pistes sud-américaines tant les situations causasses et dangereuses sont nombreuses. Lumière sur le Pérou, pays des Incas, qui, est de très loin, notre expérience vélocipédique la plus effrayante !

Le péruvien respecte le code de la route. Au Pérou, le code de la route est un Saint Graal, un livre chimérique dont tout le monde parle mais qu’aucun n’a lu et que personne ne respecte. Les panneaux de signalisation fraichement posés, qui jonchent les routes et pistes péruviennes sont des messages insolents à destination des animaux ayant le malheur de traverser les autoroutes de la mort péruviennes. « No Adelantar » sonne comme un avertissement au pauvre cabot ayant le malheur de tenter un dépassement de véhicule à pétrole… Le conducteur péruvien, lui, dépasse, double tout ce qui a au minimum 2 roues, qu’il s’agisse d’un 4×4 de la police ou d’un ami conducteur. « Reducir la velocidad » (réduisez votre vitesse) et autres panneaux de limitations de vitesse à 35 ou 55 kilomètre heures sont fouettés par le déplacement d’air des taxis tricorps Toyota Yaris et autre bus « colectivos » (taxi collectif avec une capacité de 15 personnes) qui font un concours de vitesse pour tenter de dépasser le mur du son. Chaque jour, alors que nous pédalons joyeusement, une insulte nous saute aux yeux en lisant régulièrement sur des panneaux « cuidemos el medio ambiente » (respectons l’environnement) alors qu’un énième péruvien jette négligement sous nos yeux, par dessus la fenêtre de son véhicule, sa bouteille plastique d’une marque de Soda américaine.

"La signalisation évite les accidents, ne la détruisez pas..."

« La signalisation évite les accidents, ne la détruisez pas… »

Le péruvien conducteur est joueur. Les marquages au sol délimitent son terrain de jeu. La ligne continue centrale, ayant la même signification partout dans le monde, est au Pérou, un indicateur visuel pour garantir au conducteur qu’il roule bien au centre de la route ! Les bandes d’arrêt d’urgence sont le refuge d’une véritable basse-cour où viennent se risquer les pauvres vaches, chèvres, moutons, ânes, chevaux, poules, coqs, poussins, oies, dindons, canards, chiens, chats et porcs des éleveurs qui n’ont d’autres choix que de traverser des autoroutes pour rejoindre le pâturage d’en face. Elles représentent aussi la dernière option du péruvien motorisé et désemparé, qui découvre face à lui 4 phares (voir 6 !) de véhicules venant du camp adverse, prêts à fracasser son véhicule alors que ces derniers tentent le pire dépassement de leur existence fragile d’automobilistes. Nous sommes les témoins effrayés des dépassements de camions, de bus et de voitures les plus lents de l’histoire du véhicule à moteur. Flegme automobilistique ou pure inconscience, en fond de 4ème, à 55 kilomètre à l’heure, le péruvien ne se préoccupe pas de rétrograder pour accélérer afin de dépasser son adversaire. Côté visibilité, les virages, côtes ou lignes droites n’effraient pas la témérité du péruvien. Pourtant, le danger gronde ! En face, nous sommes effrayés par le camion de 35 tonnes lancé à pleine vitesse qui approche plein phares allumés et klaxon hurlant pour avertir le joueur d’en face qu’il a dépassé les bornes ! In-extremis, le dépassement est réalisé, nous avons cessé de respirer pendant plusieurs secondes. Dans certaines situations une manœuvre d’évitement dans le bas côté est indispensable pour ne pas risquer nos vies de voyageurs sans moteur.

Notre salut dans certaines situations !

Bande d’arrêt d’urgence péruvienne, notre salut dans certaines situations !

Le péruvien conducteur est très affectif. Sur autoroute ou piste désertique, il aime dépasser à 50 ou 150 kilomètres à l’heure, nos vélos en frôlant nos jambes, comme pour sentir la chaleur de nos cuisses. Le pire ennemi du vélocipédiste est certainement le moto taxi tricycle qui fourmille dans les villes et qui n’hésite pas à venir frotter la bâche de sa moto sur nos sacoches. Commence alors un joyeux concours de noms d’oiseaux péruviens et français pour l’alerter de son excès d’affection pour nos machines…Le klaxon est également un sport national pour témoigner de son affection ou de sa haine envers son prochain. Les péruviens sont conditionnés à klaxonner à outrance en ville comme en rase campagne. L’européen, habitué à l’usage parcimonieux de cet instrument de malheur, découvre au Pérou une gabegie automobilistique, une orgie symphonique incessante. Le sourire des premières écoutes laisse vite place à une crispation permanente à l’approche d’un véhicule motorisé : va t’il klaxonner ?
Toutes les raisons du monde justifient le coup de klaxon péruvien : chien qui traverse la route, chien qui s’apprête à traverser la route, chien qui souhaiterait, un jour, traverser la route, piétons ou animaux sur le bord de la route, voiture sur le bas côté avec ses warnings, taxi ou bus vides qui recherchent des passagers, véhicule qui tente un dépassement, dire bonjour, saluer, dire au revoir…

Le conducteur péruvien n’aime pas la faune ! Nous ne comptons plus les imprimés d’animaux de toutes sortes qui jonchent tristement les pistes et routes péruviennes. Le choc a parfois été si violent que l’animal en devient méconnaissable à l’œil nu, le passage de véhicule si nombreux que l’animal se transforme en imprimé autocollant sur l’asphalte brulant (rêve du taxidermiste n’aimant pas la 3D…). Les cadavres de chiens, chats et autres quadrupèdes sont le quotidien macabre du BikeTripper au Pérou et il est nécessaire d’avoir les tripes solides pour ne pas vomir tripes et boyaux à la vue des victimes.

Le BikeTripper respecte la faune !

Le BikeTripper respecte la faune !

L’automobiliste péruvien est le leader du jeu, le maître de la route et il convient d’en maitriser les règles rapidement pour progresser à vélo ou…à pied ! Le piéton, lui, est le rat des villes et des champs. Mépriser par l’automobiliste, il se retrouve souvent coincé entre deux voitures refusant de le laisser passer malgré le feu rouge écarlate qui brûle depuis 10 secondes face aux conducteurs. Le passage piéton est le chemin de la honte où vous pouvez risquer votre vie, si un bus n’encombre pas déjà son passage. Aucune voiture ne s’arrêtera lorsque vous traverserez, vous êtes prévenus. Joueur de poker inconscient, le péruvien bluffe jusqu’au dernier centimètre de sa carrosserie pour être le premier à s’engouffrer dans une avenue bloquée par un embouteillage.

Evoluer à vélo dans une telle jungle requiert une agilité de chimpanzé, croyez nous !

7 Commentaires
  • Dominique
    Posté à 08:02h, 18 août

    Redoublez de prudence je vous en prie
    Je suis inquiète
    Je vous embrasse bien fort

  • Gwen
    Posté à 16:42h, 18 août

    Bah dis donc!!! Ça donne envie ;-)
    Trop bien écrit mon frérot.
    On pense bien à vous!

  • Mae
    Posté à 02:13h, 25 août

    Oula c’est chaud! Soyez prudents mon frère cheri! Mon collègue me dit que c’est la jungle la bas mdr! Il ne m’a pas l’air loin de la realité sur ce coup la ;-)

  • Paps
    Posté à 17:05h, 11 septembre

    Un billet qui me rappelle certaines « routes » d’Afrique où nos repères n’ont pas grand sens.
    Avec le recul du temps je comprends l’effet d’aubaine du moindre tracé dans des contrées où ils demeurent des exceptions…
    Seul code qui vaille, on ne devrait s’en étonner : la loi de la jungle.evoquee par Maéva, dont nul n’a trouvé le manuscrit…
    Pour conclure, façon Kiplîng, tu seras un singe mon fils, si tu parviens à sortir de la jungle sans encombre !
    Nous t’ecouterons alors religieusement pour savoir quelle jungle est la plus insupportable : celle que tu as mis en stand-by durant ce voyage, ou bien celle que tu traverses ?

  • andre buffet
    Posté à 16:19h, 24 septembre

    bon courage
    a quand a nice
    venez faire 1 periple au maroc
    nous habitons pres d Agadir
    vive le solaire

  • Axel
    Posté à 20:36h, 25 septembre

    Merci M.Buffet ! Bientôt sur Nice, à notre retour. Le Maroc nous y étions à vélo en 2013 depuis Marrakech jusqu’à Foum Zguid…
    J’espère que vous avez posé des panneaux solaires sur Agadir !
    A bientôt
    Axel

  • Perotta
    Posté à 09:32h, 30 octobre

    Où que vous soyez restez attentifs à tout et prudents j’ai confiance en vous . Le respect d’autrui et le code de la route devrait être enseigné dès l’enfance . J’espère que les chiliens et argentins conduiront mieux ! Bisous